«Je me haïssais et je haïssais Dieu»
«Quand je suis rentré chez moi handicapé, j’ai pris vraiment conscience de l’ampleur de la catastrophe. J’ai renoncé à ma vie. Je me haïssais moi-même et je haïssais Dieu, car je pensais qu’il était la cause de tout ce qui m’arrivait. ‹Pourquoi m’as-tu fait ça? Je n’ai rien fait de mal ! Je voulais juste aider ma famille!› J’avais perdu mon bras et du même coup ma source de revenu. Chaque fois que je regardais mon bras restant, j’étais complètement abattu.»
Qu’est-ce qui avait amené un garçon si jeune à travailler dans un endroit pareil? Baher, âgé aujourd’hui de 25 ans, explique: «Je vivais avec mes parents, mon frère et mes quatre sœurs. À partir de ma quatrième année de scolarité, je ne suis plus allé à l’école car ma famille ne pouvait plus payer l'écolage. Mes parents sont âgés, mon père a une maladie incurable et ne peut plus travailler. Ma mère est diabétique et souffre d’hypertension. Ils ne peuvent pas subvenir à nos besoins, c’est pourquoi j’ai arrêté l’école pour m’occuper d’eux. Ils comprennent bien sûr l’importance de l’éducation, mais parfois la vie nous oblige à travailler pour survivre.»
Pendant qu’il poursuit son récit, on entend la tristesse dans sa voix. «C’était dur pour moi de voir d’autres enfants de mon âge aller à l’école. À 13 ans, j’ai commencé à travailler dans la carrière pour aider mon frère aîné, qui était marié, à subvenir aux besoins de notre famille. Mon frère travaillait dur pour pouvoir nourrir deux familles.»
Énorme pression sur les jeunes hommes
Baher explique: «Les jeunes hommes de notre communauté subissent une énorme pression. Nous sommes obligés de travailler dans la carrière, car il n’y a pas d’autres débouchés. J’avais peur rien qu’à l’idée de faire le même travail que mon frère, mais je n’avais pas le choix. Le travail dans la carrière est une horreur. Chaque année, il y a plusieurs morts et blessés.»
Les ouvriers des carrières gagnent peu et les conditions de santé et de sécurité sont effroyables. «Les machines qui coupent la pierre et le marbre sont vieilles et mal entretenues et les mesures de sécurité sont inexistantes. Les lames peuvent déchiqueter un corps en morceaux. C’est pourquoi il arrive souvent que des ouvriers des carrières perdent un bras ou une jambe. À cela s’ajoutent les risques importants d’électrocution due aux câbles électriques dénudés, ainsi que la poussière générée par les machines de forage et de taille des pierres. L’exposition à ces fines particules entraîne de graves lésions pulmonaires et des maladies des yeux.»
Perdu tout espoir
Comme si l’accident de Baher n’avait pas été une souffrance suffisante pour lui et sa famille, un nouveau coup dur est survenu six ans plus tard. «Mon frère a d’abord été électrocuté et peu après il est soudain tombé malade pendant son travail dans la carrière. Son rythme cardiaque s’est accéléré, il ne pouvait plus respirer. Ses poumons s’étaient remplis de cette fine poussière. Nous l’avons rapidement emmené au centre médical le plus proche, mais mon frère est décédé. Cela m’a déchiré le cœur et j’ai perdu tout espoir.»
L’accident avait déjà provoqué une crise dans sa foi en Dieu. La mort de son frère n’a fait que renforcer sa colère. Il a tourné le dos à l’église.
Baher était désormais le seul soutien de famille. «Je devais continuer à travailler pour subvenir aux besoins de mes parents, de ma belle-sœur et des enfants.» Baher a bien essayé de trouver d’autres moyens de subsistance, mais sans succès, vu sa situation de handicap.
Un tournant
Alors que tout espoir semblait perdu pour Baher et sa famille, un tournant s’est produit. Un de nos partenaires en Égypte a commencé à s’occuper des communautés chrétiennes persécutées et marginalisées, parmi lesquelles les ouvriers des carrières.
Ce partenaire soutient les ouvriers des carrières et leurs familles dans différents domaines: spirituel, social et financier. Il les aide par exemple à lancer leurs propres microprojets afin qu’ils puissent gagner leur vie.
C’est dans cette période de désespoir que Baher a rencontré Fady, un collaborateur de l'une de nos organisations partenaires. Fady raconte: «Quand je suis entré dans la pièce, Baher a d’abord refusé de me parler et il était vraiment difficile d’entamer une conversation avec lui. Puis soudain, il a explosé de colère et nous a bombardés de questions: ‹Est-ce que Dieu existe? Où est Dieu dans ma vie? Si Dieu contrôle tout et fait tout pour le bien, pourquoi m’a-t-il abandonné? Pourquoi m’a-t-il choisi pour endurer une telle douleur et un tel handicap?»
Fady a répondu: «C’est vraiment terrible. Je comprends ce que tu ressens, mais s’il te plaît, ne perds pas espoir. Dieu n’est jamais loin de nos problèmes, il ne nous a pas abandonnés.» Quand Fady a dû repartir, il a laissé à Baher quelques mots de la Bible et a prié pour que Dieu parle au cœur du jeune homme.
Un soutien précieux
Les chrétiens du village de Baher sont persécutés, humiliés et opprimés depuis des années. Il y a même eu des cas où les biens des chrétiens ont été pillés et brûlés. De plus, les parents n’osent plus laisser leurs filles sortir de la maison, car ils craignent qu’elles ne soient enlevées par des musulmans extrémistes.
Depuis cette première visite, notre organisation partenaire a soutenu Baher dans son parcours. Fady raconte : «Nous l’avons d’abord aidé à commencer un élevage de moutons dans le cadre d’un microprojet, afin qu’il ait une source de revenus régulière pour sa famille.
Nous l’avons accompagné sur ce chemin et lui avons montré, ainsi qu’à sa famille, l’amour de Jésus d’une manière pratique. Maintenant, nous pouvons voir les progrès et le succès de son projet.»
Baher a fait confiance à Fady et à l’équipe et a écouté leurs conseils. Il a également rejoint un groupe de disciples, où il en a appris davantage sur l’autorité de Dieu et sa présence au milieu de nos difficultés. Et il continue de grandir dans sa vie spirituelle et émotionnelle.
« Sans votre soutien, je n’aurais jamais changé »
Lorsque nous le rencontrons de nouveau au printemps 2023, Baher nous raconte avec reconnaissance: «Ma famille et moi avons blâmé Dieu pour nos traumatismes, mais votre soutien nous a aidés à les surmonter. Au lieu d’accuser Dieu, nous lui rendons grâces maintenant et nous allons régulièrement à l’église. Je suis béni par le microprojet que vous m’avez permis de réaliser et je peux désormais subvenir aux besoins de ma famille. Si vous ne m’aviez pas aidé, je n’aurais pas eu de source de revenu. Sans votre soutien, je n’aurais pas changé. Vous m’avez donné du courage et m’avez aidé à rétablir ma relation avec Jésus.»
Baher est l’une des centaines de personnes que nous soutenons chaque année par des microprojets.
En 2022, nous avons soutenu 969 de ces projets, dont 120 pour des ouvriers des carrières. En Égypte, notre organisation partenaire avait près de 270’000 personnes dans son programme de formation de disciples, dont environ 1000 sont des ouvriers de carrières comme Baher.
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